Présenté par : Alexandre Gauthier, doctorant et chargé de cours à l’École de criminologie de l’Université de Montréal, sous la supervision de Jean Proulx, Professeur et psychologue, UdM – INPLPP

Les modèles développementaux de la pédophilie (ex.: Daversa & Knight, 2007) et du sadisme sexuel (ex.: Longpré et coll., 2018) indiquent une hétérogénéité dans les trajectoires qui mènent à l’agression sexuelle. Cependant, peu d’études ont reproduit ces modèles. Par conséquent, l’objectif de la présente étude était d’analyser ces trajectoires développementales dans un échantillon de 278 agresseurs sexuels d’enfants (moins de 13 ans). Suite à une analyse de modélisation par équations structurelles, nous avons identifié deux trajectoires (RMSEA = .049 ; CFI et TLI = .95). La première trajectoire identifiée correspond à la troisième trajectoire du modèle de Daversa et Knight (2007). Cette trajectoire peut être décrite comme suit : la victimisation dans l’enfance contribue au développement de l’hypersexualité à l’adolescence, qui contribue à son tour au développement d’une personnalité évitante et d’un trouble pédophile à l’âge adulte. La deuxième trajectoire identifiée correspond à la trajectoire de désinhibition de Longpré et coll. (2018). Cette trajectoire peut être décrite comme suit : la victimisation dans l’enfance contribue au développement de comportements antisociaux à l’adolescence, qui contribuent au développement d’une personnalité antisociale et d’un trouble du sadisme sexuel à l’âge adulte. De plus, il faut noter qu’à l’adolescence, l’hypersexualité et les comportements antisociaux sont fortement corrélés (r = .524, p < .001). L’impact de cette recherche réside dans ses implications théoriques et cliniques, en particulier pour comprendre et intervenir efficacement lors de la détection de l’apparition d’intérêts paraphiliques potentiellement dangereux.

Présenté par : Alexane Leclerc, Sexologue et psychothérapeute, étudiante à la maîtrise en sciences cliniques et biomédicales, sous la supervision de Geneviève Martin, Professeure agrégée, Centre CERVO – INPLPP

Pratiquement toutes les théories de l’agression sexuelle accordent une grande importance aux fantasmes sexuels, tant pour expliquer l’étiologie du comportement que pour évaluer le risque de récidive. Cependant, la majorité des hommes de la population générale (HPG) rapportent aussi des fantasmes sexuels dont le contenu est illégal et très comparable à celui des auteurs d’agressions sexuelles (AAS). Dans ce cas, comment peut-on différencier le fantasme sexuel alarmant de celui, similaire, mais bénin? Est-ce que les fantasmes sexuels servent de scènes d’entraînements imaginaires pour la commission du comportement ou, au contraire, de tampon inhibiteur du passage à l’acte ? L’objectif principal de cette étude en cours est de vérifier l’importance de facteurs fantasmatiques différenciant les gens qui réalisent leurs fantasmes à connotation coercive de ceux qui ne le font pas. L’hypothèse de base est qu’un élément crucial est la capacité d’imagination. Cette dernière est associée à plusieurs facteurs de protection, tous interreliés : la variété des fantasmes, le niveau de mentalisation, l’empathie cognitive et les capacités d’inhibition comportementale. Pour vérifier cette hypothèse, nous évaluons présentement la richesse et la clarté de l’imagerie mentale, ainsi que les capacités de mentalisation d’AAS et d’HPG. Ces données, présentées ici pour la première fois, devraient contribuer à améliorer nos connaissances quant aux liens (et leur absence) entre les fantasmes sexuels et les comportements correspondants, en plus de permettre l’élaboration d’un instrument d’évaluation adapté à la population générale.